Burkina: L’intégralité de la déclaration du CNSE lors de la journée mondiale de l’Enseignant

COORDINATION NATIONALE DES SYNDICATS DE L’EDUCATION (CNSE)

FESEB – F-SYNTER – SATEB- SNEA-B – SNEP/PD – SNESS- SPESS- STAGE –SYNAPAGER-
SYNAPEP- SYNATEB- SYNATRAS -SYNATRENF – SYNAVS – SYNTAS.

Ouagadougou, le 08 octobre 2020

DECLARATION LIMINAIRE.

Mesdames et messieurs de la presse ;

Le 05 octobre est célébrée, depuis 1994, la Journée Mondiale de l’Enseignant et ce en mémoire de la signature de la recommandation de l’OIT/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant ; recommandation qui définit les droits et les responsabilités des enseignants ainsi que les normes fixant leur formation initiale et continue, leur perfectionnement professionnel, leur recrutement, leur emploi et les conditions de l’enseignement et de l’apprentissage. Cette année, ladite journée a été commémorée sous le thème « Enseignant(e)s : leaders en temps de crise et façonneurs d’avenir ». Cette journée, comme en 2017, a servi à la CNSE à lancer ses activités syndicales. Pour ce faire, elle a organisé une assemblée générale nationale qui a réuni plus de 250 délégués venus des 13 régions du pays autour de l’ordre du jour suivant : « Bilan d’étape de la lutte de la CNSE et perspectives ».

La présente conférence de presse permet de faire à l’opinion la synthèse de cette importante rencontre et interpeller l’autorité sur les mesures à prendre pour un déroulement d’une année scolaire et académique sereine. En terme de bilan, les participants ont relevé que la CNSE a œuvré en 2017 à l’adoption d’une plate-forme qui prenait en compte l’amélioration des conditions de vie et la qualité du système éducatif, l’élaboration d’un argumentaire pour permettre une meilleure défense de chacun des points de ladite plate-forme ont servi à consolider l’unité.
Diverses actions d’envergure, tels des grèves de courtes durée, des marches-meeting, des sit-in, des opérations de non évaluations, de non transmission de certains types de courrier, des assemblées générales, etc., ont été menées pour la satisfaction de ladite plate-forme. Certaines ont été combinées. Elles se sont fondées sur le principe que l’élément fondamental permettant d’amener le gouvernement à examiner convenablement les problèmes repose sur la mobilisation forte des personnels.

Cela a permis d’aboutir à la signature d’un protocole d’accord signé le 27 janvier 2018 complété par le contenu du statut des personnels dont les travaux d’élaboration ont pris fin le 22 mai 2019 et qui a servi à signer le décret N°2020-245/PRES/PM/MFPTPS/MINEFID portant statut particulier du métier éducation, formation et promotion de l’emploi du 30 mars 2020.

Mesdames et messieurs de la presse ;

Faisant le point de l’attitude du gouvernement sur ces questions, la CNSE note les éléments suivants :

  1. Du Statut :

Prenant connaissance du contenu du décret, il ressort des dispositions qui n’ont tenu compte ni de l’esprit de consensus qui a guidé le travail sur l’élaboration du statut, ni du respect de l’équité constituant un principe fondamental de la Fonction publique. Il s’agit par exemple ede l’article 75 de la section 4 de dudit décret qui stipule : « nonobstant les dispositions de l’article 73 du présent décret, les professeurs certifiés des lycées et collèges, exerçant les fonctions de Proviseurs de Lycées ou de Directeurs de Collèges d’enseignement général (CEG) depuis au moins un (1) an pour compter de la date d’entrée en vigueur du présent décret, peuvent, durant une période transitoire de deux (2) ans, prendre part à des concours professionnels spéciaux en vue d’accéder à l’emploi d’administration des lycées et collèges, sous réserve de justifier au 31 décembre de l’année du concours de cinquante-sept (57 ans au plus». Cette disposition qui n’a à aucun moment fait l’objet de discussion au sein du comité de rédaction du statut et synonyme de tripatouillage du texte consensuel, s’inscrit dans une logique d’introduction de germe de division entre les travailleurs par le gouvernement.

En plus, la prise tardive du décret portant statut a eu comme conséquence la non organisation des concours professionnels au profit des personnels en 2019, mettant de fait de nombreux travailleurs dans l’impossibilité d’évoluer dans leur carrière. La feuille de route de sa mise en œuvre laisse également apparaitre une volonté de l’escamoter et de tricher avec certaines dispositions de son contenu. A l’analyse, ladite feuille de route laisse apparaitre une recherche de stratégies pour une mise en œuvre à minima, voire biaisée du minimum de consensus obtenu sur cette question.

  1. De l’application des engagements contenus dans le protocole.

L’analyse globale fait ressortir le fait que les engagements liés à l’amélioration des conditions de vie des personnels souffrent dans leur mise en œuvre bien que le ministère les comptabilise parmi les engagements exécutés. Dans ce registre, on peut rappeler les aspects suivants :

✓ la correction des avancements et le mandatement des nouveaux agents un mois après leur prise de service constitue un engagement important pour lequel il ressort que de nombreux personnels enregistrent un retard au titre de leur avancement de 2018 et certains même de l’avancement de 2017. Quant aux avancements de 2019, leur traitement n’a pas encore démarré 09 mois après la fin de l’année. Le point fait par le ministère lui-même montre au fil des mois qu’il n’y a pas une grande évolution à même de rassurer les personnels que les retards d’avancement, de mandatement, de correction des indemnités seront résorbés une fois pour toute. Or ces retards, à bien les analyser, constituent des moyens d’action d’austérité salariale entre les mains des autorités. Quant au mandatement des nouveaux agents, depuis deux années scolaires à présent, les intéressés sont obligés d’engager diverses actions de lutte afin d’être satisfaits ;

✓Au niveau de la correction des indemnités et de la bonification d’échelon, de nombreux travailleurs sont toujours dans l’attente des corrections liées à ces aspects. Au dernier point fait par le ministère lui-même en date du 29 septembre 2020, il ressort que 7 955 agents n’ont pas encore bénéficié de la deuxième tranche de l’indemnité de logement ; 9 848 n’ont pas encore bénéficié de celle de l’indemnité harmonisée. Pour ce qui est de la bonification d’échelon pour compter du 1er janvier 2018, ils sont toujours 2 339 agents qui n’en ont pas encore bénéficié ;

✓ D’autres engagements souffrent de la même exécution défectueuse. Parmi eux, nous retenons : le développement de l’éducation préscolaire, le trousseau pédagogique, la dotation des élèves en manuels scolaires, la réalisation des infrastructures scolaires conformément aux normes et en nombre, le recrutement du personnel en nombre suffisant, la réhabilitation et la réalisation de latrines.
Pire, certains n’ont jamais connu de début de mise en œuvre par le gouvernement quand celui-ci n’opère pas de graves reculs sur d’autres. Tels sont les cas du respect des normes liées aux effectifs ; du dossier des travailleurs des ex-garderies populaires qui devait être vidé au plus tard la fin du mois de février 2018 ; de la gratuité scolaire ; de la dotation des établissements en cantines scolaires et de son élargissement au préscolaire ; la dotation d’un budget de fonctionnement des établissements ; etc.

Mesdames et messieurs de la presse ;

Ce bilan peu reluisant n’est pas étonnant. En effet, le gouvernement actuel n’a jamais voulu prendre une quelconque mesure pour résoudre les problèmes réels des travailleurs et partant ceux de l’éducation et de la recherche. Bien au contraire, il a plutôt cherché des subterfuges pour contourner les préoccupations ou les empêcher de se battre autour d’elles. C’est dans cette logique que se situait la tentative de déni de la plate-forme de la CNSE par le Ministre Jean Martin Coulibaly dès le départ, à celles de dénigrements des revendications par le Premier Ministre de l’époque Paul Kaba Tiéba qui estimait que les revendications de la CNSE comportaient un coup financier irréaliste et qu’elles touchaient des aspects de politique que les syndicats ne devaient pas aborder. Cette option du gouvernement, s’est renforcée avec le Ministre Ouaro. Le bilan fait précédemment l’illustre parfaitement.

Au regard de ce qui précède, la rencontre a dégagé des perspectives en vue d’une part de dynamiser et de renforcer les capacités organisationnelles de la CNSE dans l’optique d’une meilleure défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs de l’éducation et de la recherche et d’autre part, de poursuivre la prise en charge des préoccupations des travailleurs en lien notamment avec le respect des engagements contenus dans le protocole d’accord du 27 janvier 2018 et la carrière des agents à travers la correction des insuffisances du décret N°2020-245/PRES/PM/MFPTPS/MINEFID portant statut particulier du métier éducation, formation et promotion de l’emploi et sa bonne mise en œuvre.

Tenant compte des attentes des travailleurs portant sur l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail aggravées par les conséquences de l’insécurité et de la pandémie du coronavirus, la CNSE :

  • Invite vivement le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour le règlement conséquent et dans un délai bref des engagements du protocole en souffrance et une meilleure gestion de la carrière des agents de l’éducation et de la recherche ;
  • Appelle l’ensemble des structures et des travailleurs à travailler à une mobilisation forte autour des questions de l’heure en attendant tout mot d’ordre que la situation commanderait.

Vive l’unité des travailleurs de l’éducation et de la recherche !
Vive la CNSE !

La Coordination

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