Commémoration du 3 janvier 1966 : La résurgence des coups d’État dans la sous-région ouest-africaine au centre des échanges

Les membres de l’Unité d’action syndicale (UAS) à travers un panel ont commémoré en différé le 57e anniversaire du soulèvement populaire du 3 janvier 1966, le samedi 07 janvier 2023 à la bourse du travail à Ouagadougou. Ce changement de date de célébration s’explique par le décès du Dr Luc Marius Ibriga survenu le 25 décembre et inhumé le 03 janvier. C’était en présence des militants et sympathisants des différents centrales syndicales du Burkina Faso.

«La résurgence des coups d’État dans la sous-région ouest-africaine et ses enjeux : quelles perspectives pour les peuples ?», c’est sous ce thème, que s’est tenue la  commémoration du 52e anniversaire du 3 janvier 1966.

Selon Pr Léon Sampana, enseignant à l’université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso, le coup d’État est devenu une tradition au Burkina après l’épisode du coup d’État avorté de 2015 porté par le général Gilbert Diendéré et ses hommes.
« En 2014, nous savons aussi que le Burkina Faso a enregistré deux coups d’État, avant que ne se mette en place une transition civilo-militaire. Et il faut savoir que le Burkina n’est pas une exception dans la sous-région. Parce que la résurgence des coups d’État est une réalité. On peut citer par exemple le Mali avec le coup d’État d’Assimi Goïta en 2020 qui sous la contrainte a cédé le pouvoir à un président civil avant de revenir à la charge encore pour faire un putsch en 2021 », a-t-il laissé entendre

Il a tenu à préciser qu’un coup d’État est différent d’une insurrection qui  est un soulèvement populaire contre un régime en place. Parlant de la révolution, Pr Léon Sampana a fait savoir que celle-ci fait appel à l’action des masses orientée par une idéologie qui bouleverse l’ordre social.

Pr Mahamadé Savadogo, enseignant à l’université Joseph Ki-Zerbo, dans son exposé a indiqué que le coup d’État n’est pas le meilleur moyen d’accéder au pouvoir, si les initiateurs ont comme objectif une transformation profonde de la société.
«Le coup d’État peut susciter certaines réformes ponctuelles mais il ne peut pas organiser une transformation en profondeur de la société qui puisse mettre fin aux inégalités et qui puisse défendre de façon résolue la cause des marginalisés et des exploités», a-t-il dit.

Par ailleurs, Pr Mahamadé Savadogo a conseillé les Burkinabè en particulier et les peuples ouest-africains en général d’éviter d’accompagner (soutenir) les coups d’État dans leurs pays respectifs.

«C’est très important, parce que si vous les accompagnez, vous allez vous exposer à des déceptions, vous allez d’un soutien à un autre. Et justement dans notre cas, nous pouvons dire que si ces derniers temps, la conscience anti-impérialiste s’est beaucoup diffusée, l’anti-putschisme a encore du chemin à faire. Beaucoup d’organisations de jeunes restent accrochées aux idéaux putschistes et vont de soutien en soutien», a-t-il souligné. Il ajoute que seule la diffusion de la «véritable conscience révolutionnaire» pourra les sortir de cette instabilité politique.

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