Le gouvernement français adopte le projet de loi entérinant la fin du franc CFA

Le gouvernement français a adopté le projet de loi entérinant la fin du franc CFA ce mercredi en Conseil des ministres. Ce projet de loi découle de l’accord conclu fin décembre par Paris et les États de l’Union monétaire ouest-africaine. Il acte la transformation du franc CFA, qui deviendra l’eco en maintenant la parité fixe avec l’euro ainsi que la fin de la centralisation des réserves africaines de change auprès du Trésor français. Publicité

Il était né par décret le 25 décembre 1945, il est mort, au moins symboliquement, par une loi le 20 mai 2020. Le franc CFA d’Afrique de l’Ouest sera remplacé à terme par l’eco, la monnaie commune aux pays de la Cédéao. Mais on ne sait pas encore à quelle date exactement.

Le texte entérine l’accord de coopération signé le 21 décembre dernier à Abidjan par le président français Emmanuel Macron et les gouvernements des Etats de l’UMOA, l’Union monétaire ouest africaine. « Cette fin symbolique devait s’inscrire dans un renouvellement de la relation entre la France et l’Afrique et écrire une nouvelle page de notre histoire », a déclaré la porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye. La France retire ses représentants des instances de gouvernance monétaire comme la BCEAO et n’exige plus le dépôt de la moitié des réserves de change de la BCEAO à Paris.

Sibeth Ndiaye, porte parole du gouvernement

RFI

Une évolution saluée ce mercredi par Jean-Yves Le Drian, le ministre français des affaires étrangères, lors de son audition par la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. « C’est un changement considérable, a-t-il déclaré. Le rôle de la France évolue pour devenir celui d’un strict garant financier de la zone, mais ne participera plus à la gestion. Même si on maintiendra la parité fixe entre l’euro et l’eco. »

Le ministre ivoirien des Finances, Adama Coulibaly, a dit de son côté la satisfaction de son gouvernement en saluant « un projet de loi qui s’inscrit dans la droite ligne de la réforme engagée ». « Avec le phénomène du coronavirus, les critères initiaux ne peuvent pas être respectés pour l’année 2020. Donc il s’agira de voir comment on peut tirer les leçons de cela. Il faut peut-être attendre que les autorités se réunissent pour voir sur quels nouveaux critères elles peuvent s’entendre. »

« C’est une étape importante, a déclaré le ministre béninois des Finances Romuald Wadagni. Elle correspond à ce que nous avons convenu lors des études préparatoires entre la France et les différents pays de l’UMOA. Cela montre que les choses sont dans la bonne voie, et que les choses se passent comme prévu. Je me réjouis surtout que la crise du Covid-19 n’ait pas significativement modifié notre agenda, ce qui prouve que la France considère cette réforme comme une réforme importante pour elle. »

Une monnaie toujours arrimée à l’euro

En février dernier le Nigeria avait notamment demandé un report du lancement de l’eco. En attendant, la monnaie en circulation dans l’espace UEMOA ne change pas dans son principe. Elle reste arrimée à l’euro. Ce qui change, c’est le rôle de Paris.

Au sein des instances monétaires ouest-africaines, notamment de la BCEAO, la France n’a plus de représentants, et sera seulement informée des décisions prises par les Etats de l’UMOA. Car Paris continue de garantir la monnaie ouest-africaine, ce qu’elle présente comme une assurance tous-risques en cas de grave crise monétaire.

Un point qui rassure les milieux d’affaires mais qui agace les partisans d’une rupture totale et d’une émancipation monétaire complète. La fin d’un symbole ne signifie pas la fin de la relation spéciale que Paris souhaite préserver avec ses partenaires africains.

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