Suspension du meeting du 31 octobre : Désunion, désaccord, au sein de l’UAS ?

La Confédération générale des travailleurs burkinabè (CGT-B) a annoncé en fanfares un meeting qu’elle entendait organiser le 31 octobre dans l’effet de commémorer le 9e anniversaire de l’insurrection populaire 2014. Et pas que ça, ce meeting avait aussi pour objectif “d’interpeller le gouvernement de la transition sur la situation nationale“ que la CGT-B juge dramatique. Cependant, l’organisation de ce meeting n’a pas eu d’adhésion au sein même de l’Unité d’action syndicale (UAS). La divergence d’idée au sein de l’UAS bat son plein causant une désunion dans le milieu syndicale burkinabè. En effet, nous avons eu accès à une déclaration interne  de la Confédération syndicale burkinabè (CSB) qui faisait cas de sa non-participation au meeting du 31 octobre bien avant sa suspension. La CSB a même exigée le report dudit meeting,  parce qu’elle a estimé que sa tenue  n’était pas opportune. L’activité pouvait virer au drame, mieux, la CSB a rappelé son engagement pour l’intérêt général de la Nation.

Lisez plutôt !

Camarades, l’actualité ces jours-ci est dominée par l’annonce de la Confédération Générale des travailleurs du Burkina (CGT-B) d’organiser avec d’autres organisations syndicales et de la société civile, un meeting le 31 octobre 2023, afin de commémorer l’insurrection populaire et aussi de dénoncer les maux qui minent présentement le Burkina Faso.

Suite à cette communication, il n’en ait pas fallu plus pour dénombrer plusieurs réactions contradictoires allant de l’adhésion aux menaces de mort.

Face à cette situation, notre organisation se devrait de faire connaître sa position de manière souveraine à ses militants, adhérents et sympathisants.

Cette prise de position afin qu’elle soit comprise par tous et toutes se fera à travers les points suivants :

  • Un rappel du comportement syndical de la CSB à partir de 2016
  • La non-participation de notre organisation à la journée du 31 Octobre
  • Un appel aux militants et à l’ensemble des travailleurs burkinabè

I./ Du rappel du comportement de la CSB à partir de 2016

La Confédération syndicale burkinabè est née le 19 septembre 1974 sous le sceau du syndicalisme révolutionnaire de lutte de classe. En 1994, suite aux répressions qu’elle a subi sous la Révolution Démocratique et Populaire, dont elle a contribué à l’avènement et de l’évolution du monde marquée par    la chute du mur de Berlin et « la mort du communisme », notre organisation optera pour le syndicalisme libre et indépendant. Suite à cette option, notre organisation a pour valeurs :la démocratie, la justice sociale, la solidarité et le dialogue sociale.

Forte de ces valeurs et suite aux attentats terroristes du 16 janvier 2016, que nous l’avons deviné étaient les prémices d’une guerre injuste qui allait être imposé à notre peuple, notre organisation adopta un comportement syndical qui privilégie l’intérêt général de notre nation et   faisait de la défense de notre territoire la priorité des priorités. Pour la défense des intérêts moraux et matériels des travailleurs en général et de nos militants en particulier, nous avons privilégié le dialogue social.

Cette attitude s’est traduite par :

Le refus de nous engager dans une lutte inutile autour de la variation des prix des hydrocarbures qui dépendent des aléas du marché mondial. Le Burkina n’en étant pas un producteur. Certains ont prétendu à l’époque que le litre d’essence pouvait être vendu à 300FCFA. La suite on la connait, le prix du litre de l’essence est passée en l’espace d’un an de 635F à 850F sans que ceux qui prétendaient le vendre à 300F ne bouge.

La quête d’une justice fiscale qui tient compte du pouvoir d’achat des travailleurs et du besoin de financement de notre économie qui est le nerf de guerre surtout en temps de guerre. Nous parlons du débat sur l’IUTS. La suite on la connait : La mise en place de taxes pour financer l’effort de guerre face au refus de paiement des impôts. Les lois de l’économie sont ainsi faites, soit c’est le contribuable, soit c’est le consommateur, qui garnira   les caisses de l’Etat. Lavoisier disait : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

La participation à la conférence sur l’harmonisation des salaires des agents publics de l’état qui a atteint l’objectif escompté tout en ne diminuant le salaire d’aucun agent public et même en procédant à des augmentations. Face au refus de certains, la suite on la connait, une gymnastique pour équilibrer le budget national en temps de guerre afin d’obtenir des prêts de la banque mondiale et tenir la tête hors de l’eau.

La contribution pour une victoire sur le terrorisme à travers un panel qui a fait des propositions au chef de l’Etat d’alors, qui allaient de l’appel à l’union sacrée, à la mobilisation des ressources humaines et financières afin d’inverser au plus vite le rapport de force en faveur de notre nation dans la guerre contre le terrorisme. La suite on la connait un début d’application sous le régime Roch Kaboré et une application plus effective sous le régime actuel.

Camarades, ces contributions ne sont pas exhaustives et nous pouvons toujours en citer d’autres pour démontrer l’effort fourni par la CSB pour que la paix revienne au plus vite au Burkina Faso. Malheureusement force est de reconnaitre que nous avons été la cible d’esprits mal intentionnés qui nous ont vilipendé, traité de vendus, de lâches et qui ne juraient que par le rapport de force. Ces personnes portent la responsabilité du désastre que vit notre pays avec 40% du territoire national aux mains des terroristes.  Aujourd’hui nous espérons qu’ils comprennent ce que disaient nos sages : « quand la pluie vous bat, ne vous battez pas », « à force de vouloir mettre un enfant sous la pluie, c’est ta personne qui le sera aussi » Ce sont ces adages qui ont été d’un grand conseil pour nous et non de tout ce qu’on nous affabulait. Cette sagesse est enfin entrain de traverser notre peuple et nous disons, vaut mieux tard que jamais.

II./ De la non-participation de notre organisation à la journée du 31 Octobre

En rappel, le 22 janvier 2022, le Burkina Faso connaissait son 8ème coup d’Etat dont les motivations selon ses instigateurs étaient la restauration et la sauvegarde de la patrie afin de   permettre le retour des personnes déplacés internes. Propos tenus par le numéro un de la junte, lors d’une rencontre avec l’Unité d’Action Syndicale (UAS) sur son invitation.

S’appuyant sur notre expérience ratée avec les régimes militaires et notre attachement à la démocratie, nous avons comme la majorité des Burkinabé toléré le coup d’état au regard des souffrances de notre peuple et non y adhérer. Eu égard à cette position nous avons entièrement souscrit à la réponse de l’UAS suite à une invite du MPSR I pour des contributions à la charte et à l’agenda de la transition. La réponse de l’UAS, avait été la suivante : « N’ayant pas été actrice du coup d’Etat nous n’avons aucune contribution à donner ni pour la charte ni pour l’agenda, par contre nous vous transmettons la plateforme revendicative de l’UAS » Il est à rappeler que cette plateforme comportait déjà les revendications qui feront l’objet au meeting du 31 Octobre,

Huit mois après ce fut le MPSR II, un 9ème coup d’Etat venait d’avoir lieu au Burkina Faso. A l’instar du 8ème coup d’Etat, notre organisation adopta sa position d’antan ainsi que l’UAS qui dans sa déclaration relative au coup d’Etat, rappela ses revendications sur la sécurité de notre pays, la prise en charge et le retour des PDI, le respect des libertés démocratiques et syndicales et la bonne gouvernance.

Il est à noter que ces revendications ont fait l’objet de maintes déclarations et même de rencontres avec les militants à Ouaga, à Bobo et à, Koudougou et sont consignées dans les cahiers de doléances de 2022 et 2023. De ce fait les points de revendication du meeting ne sont aucunement nouveaux et datent d’avant le MPSR I et II. Ce rappel était nécessaire afin que chacun comprenne que notre organisation n’a jamais œuvrer et n’œuvrera jamais à affaiblir notre nation face à la guerre injuste qui lui a été imposé. Nous suivrons toujours la sagesse de nos ancêtres.  Par contre nous n’accompagnerons point les exploitations politiciennes de la situation dramatique que vit notre nation.

Sur ce, la question que se pose tout un chacun est notre non-participation au meeting du 31 octobre 2023 à la bourse du travail de Ouagadougou.

En effet, notre confédération a été informée par la CGT-B lors d’une réunion de l’UAS de son intention de commémorer la date de l’insurrection populaire avec d’autres organisations syndicales et de la société civile le 31 Octobre par la tenue d’un meeting. A l’occasion, un projet de plateforme revendicative nous a été présenté et qui comprenait les mêmes points que les cahiers de doléances et autres déclarations de l’UAS. Notre organisation donna son accord de principe sous réserve de la connaissance exacte des syndicats et associations devant participer au meeting, de la modification de la plateforme en la rendant moins exhaustive et après cela, notre organisation se concerterait et donnera sa position définitive. Avant la fin de la réunion, la CGT-B nous informa qu’elle allait tenir sa rencontre annuelle le samedi 14 Octobre, et nous lui avons souhaité plein succès.

Suite à la rencontre, nous apprenions par la presse la volonté de notre organisation syndicale sœur de tenir un meeting le 31 octobre 2023 avec d’autres organisations syndicales et de la société civile. Face aux multiples réactions venant des travailleurs, nous avons obtenu la tenue d’une réunion de l’UAS le lundi 23 Octobre, afin de plaider pour un report de l’activité afin que nos réserves soient levées, et qu’une meilleure sensibilisation des travailleurs soit faite pour une action collective réussie. Car pour nous, ce qui sera dit au meeting n’est pas nouveau et se trouve dans nos cahiers de doléances. C’est plutôt un 1er Mai bis.

A ce que nous avons compris, les niveaux de préparation n’étant pas les mêmes, la date du 31 octobre fut maintenue par les organisateurs.

De ce fait notre organisation qui avait demandé le report ainsi que d’autres et ne l’a pas obtenu, nous avons décidé de ne pas participer à l’activité du 31 octobre.

Par contre nous restons solidaires aux organisations membres de l’UAS qui commémoreront l’insurrection populaire le 31 octobre, car les points de revendication qui seront présentés se trouvent dans toutes nos déclarations avant même le MPSR I et II.

II./ Appel aux organisations syndicales et aux travailleurs.

Au regard de notre développement, nous invitons toutes les organisations syndicales à :

  • Renforcer leur solidarité afin que les revendications contenues dans les déclarations et les cahiers de doléances du 1er mai soient satisfaites ;
  • Rejeter toute forme de division que tente de semer les ennemis du syndicalisme et du progrès
  • Condamner les actes d’intimidation à l’endroit du mouvement syndicale par de prétendus patriotes mus par des intérêts clientélistes et bassement matériels.
  • Faire comprendre à ces forces réactionnaires que tout acte belliqueux envers un syndicaliste sera considéré comme un acte contre le mouvement syndical Burkinabé, Africain et international car nous réagirons.

En conclusion, nous réaffirmons que nous sommes une organisation dont l’une des valeurs est la démocratie que Winston Churchill qualifiait de « moins mauvais des systèmes politiques » car lui au moins a le mérite que les divergences se règlent plus par les débats d’idées que par les Kalachnikov, les couteaux, les gourdins et autres entre concitoyens et même frères.

C’est aussi cette valeur qui, nous amène à dire « Je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis, mais je me battrais pour que tu le dises » acceptant ainsi le fait que c’est de la confrontation des idées que nait la vérité qui est source de progrès.

De ce fait,

  • Vive les valeurs démocratiques, source de liberté et de progrès
  • Vive le mouvement syndical Burkinabé libre et progressiste
  • Vive la lutte des travailleurs dans le monde
  • Vive la Confédération Syndicale Burkinabè

Unis, nous vaincrons !!!!!!!!!

 

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