Le 19 mai 1990, notre camarade Dabo Boukary, étudiant en 7e année de médecine à l’Université de Ouagadougou, a été arrêté lors d’une manifestation d’étudiant.es, conduit au Conseil de l’entente où il sera torturé à mort. Cela fait donc 31 longues années que les étudiant.es burkinabè, avec le soutien constant de notre peuple, se mobilisent pour exiger la vérité et la justice pour cet intrépide combattant. Il a payé de sa vie pour préserver son cadre authentique de lutte à savoir l’UGEB, et pour l’ensemble des étudiant.es burkinabè. Trente et un an que les assassins et les commanditaires n’ont pas encore répondu de leurs actes, même si sous la pression populaire des personnes ont été inculpées comme le Général putschiste Gilbert Diendéré, à l’époque 1er responsable du Conseil de l’entente et le Lieutenant-Colonel Bamba Mamadou, alors étudiant en 4e année de médecine et responsable du Comité Révolutionnaire (CR) de l’Université de Ouagadougou, indicateur et serviteur zélé du Front Populaire.
Camarades étudiant.es,
Notre camarade Dabo Boukary a été assassiné dans un contexte d’État d’exception, caractérisé par la confiscation totale des libertés démocratiques et syndicales au plan national. Sur le campus, en plus des conditions de vie difficile des étudiant.es dues aux premières mesures des PAS – Programme d’ajustement structurel- (manque d’infrastructures, examens ultra sélectifs et échec massif), le pouvoir du Front populaire avait entrepris de liquider toute vie démocratique. Les Comités Révolutionnaires (CR) qui avaient remplacé les Comités de Défense de la Révolution (CDR), interdisaient systématiquement toute organisation indépendante vis-à-vis du pouvoir, avec la complicité des autorités universitaires de l’époque.
Mais fidèle au serment qu’elle a prêté de défendre fermement les intérêts matériels et moraux des étudiant.es, la section locale de l’UGEB, l’ANEB entamera une lutte pour exiger non seulement des meilleures conditions de vie et d’études pour les étudiant.es, mais aussi pour plus d’espaces de liberté sur le campus.
C’est ainsi qu’une répression d’une rare violence va s’abattre sur les étudiant.es de l’Université de Ouagadougou. Le bilan macabre de cette répression se résume comme suit : l’exclusion officielle de 25 étudiants de l’université et 17 autres officieusement ; des bastonnades à sang de centaines d’étudiant.es notamment lors des descentes de commandos de la garde présidentielle sur le campus ; des arrestations, détentions, tortures de centaines d’étudiants au Conseil de l’Entente ; des poursuites policières et perquisitions ; le blocage de bourses et l’enrôlement de plusieurs étudiants de force dans l’armée. Le tout sera couronné par l’enlèvement et l’assassinat de Dabo Boukary par les voyous du conseil de l’entente.
Camarades,
La commémoration de ce triste anniversaire intervient dans un contexte national difficile pour notre peuple. Il se caractérise notamment par :
- la faillite de toutes les institutions néocoloniales (gouvernement, justice, armée, assemblée nationale, etc) se traduisant entre autres par une gouvernance “mouta mouta”, la corruption jusqu’au sommet de l’Etat et la non exécution de décisions de justice dans l’optique de protéger des délinquants à col blanc proches du pouvoir ou pour réprimer les patriotes, démocrates et révolutionnaires de notre peuple ;
- l’incapacité congénitale du pouvoir MPP à jouer son rôle régalien de sécurisation des populations et de la protection de leurs biens. La crise sécuritaire s’approfondit jour après jour avec la perte d’une partie importante du territoire national, laissée aux mains des groupes criminels, terroristes et autres narcotrafiquants. La crise a occasionné de nombreuses populations déplacées, des écoles fermées et des populations privées de soins de santé.
La crise humanitaire a fait plus de 1,1 millions de personnes déplacées internes, le plus souvent privées du minimum vital : logement, santé, eau potable, d’électricité, etc.
- Une crise sociale qui plonge davantage les masses populaires dans la misère, problèmes d’eau, d’électricité, vie-chère, etc ;
- l’approfondissement de la crise de l’école burkinabè dans tous les ordres d’enseignement. Les politiques anti-éducatives se poursuivent avec pour conséquences des années académiques aux débuts et aux fins imprévisibles dans les universités, l’aggravation des chevauchements d’années et de semestres, le bâclage de la formation des enfants du peuple. Comme si cela ne suffisait pas, le pouvoir MPP a entrepris de réformer les examens du BEPC et du Bac dans l’objectif inavoué de rendre l’université inaccessible aux enfants du peuple. Les acteurs de l’éducation avec le soutien de notre peuple sauront y faire face courageusement.
- les remises en cause de liberté d’organisation et d’expression par le pouvoir MPP avec notamment les répressions récentes des manifestations des élèves contre les réformes anti-éducatives, etc.
Malgré ces crises multiples et les répressions orchestrées par le pouvoir MPP, toutes les couches de la population se mobilisent pour exiger de meilleures conditions de vie, d’études, de travail, de logement décent, de l’eau, de l’électricité et de l’emploi entre autres.
Camarades étudiant.es,
Les conditions de vie et d’études des étudiant.es burkinabè en France ne se sont guère améliorées ces dernières années. Malgré les nombreuses interpellations de l’AEBF, et à travers la plateforme revendicative adoptée en juin 2020, les autorités, l’ambassade du Burkina Faso en France en premier, restent sourdes et muettes malgré les cris de détresse des étudiant.es burkinabè en France. En effet, les étudiant.es burkinabè en France continuent d’être confronté.es aux problèmes de logement, de santé, d’allocation et d’accompagnement pour le retour au pays.
Loin d’être préoccupé, l’ambassadeur excelle plutôt dans la démagogie, le mépris et le non-respect des engagements qu’il a librement pris devant le CE de l’AEBF. Ainsi, depuis plusieurs mois, il a été promis l’ouverture de la cité FESSART et la mise à la disposition de l’AEBF des textes clairs qui régissent son fonctionnement. Mais rien n’y fit.
Camarades étudiant.es,
Dabo Boukary est un exemple d’esprit de sacrifice pour l’ensemble des étudiant.es burkinabè. Plutôt que trahir, il a préféré le sacrifice suprême pour de meilleures conditions de vie et d’études des étudiant.es, pour la liberté et la démocratie sur le campus. Son courage et sa détermination doivent nous inspirer. C’est pourquoi les étudiant.es burkinabè, où qu’ils/elles se trouvent, demeurent intransigeant.es sur ce dossier DABO Boukary et ne se lasseront jamais de réclamer la vérité et la justice pour lui.
En ne perdant pas de vue qu’il s’agit d’un crime politique, l’AEBF reste convaincue que justice sera faite pour Dabo Boukary tôt ou tard. Même si certaines personnes impliquées dans l’assassinat de notre camarade comme Salifou Diallo et Alain Nindaoua Sawadogo sont décédées sans rendre compte devant la justice, d’autres continuent toujours de courir. Ils n’auront jamais le sommeil tranquille.
Le Comité Exécutif de l’AEBF voudrait saisir l’occasion de ce 31e anniversaire de l’assassinat de notre camarade Dabo pour :
• renouveler son engagement à se battre aux côtés de notre peuple pour la vérité et la justice pour Dabo Boukary et tous les autres crimes de sang impunis ;
• interpeller une fois de plus les autorités burkinabè particulièrement l’ambassade du Burkina à Paris à avoir une oreille attentive aux préoccupations des étudiant.es burkinabè en France ;
• inviter l’ensemble des étudiant.es burkinabè en France à la solidarité en ces moments particulièrement difficile ;
• appeler les étudiant.es burkinabè en France, ses sympathisant.es et militant.es à participer massivement aux activités commémoratives de la 31e journée de l’Étudiant burkinabè qui se tiendront en différé dans les jours à venir.
En avant pour la vérité et la justice pour le camarade Dabo Boukary !
En avant pour de meilleures conditions de vie et d’études et pour plus de libertés !
Vive la journée de l’Étudiant Burkinabè !
Pain et liberté pour le peuple !
Le Comité Exécutif