L’actualité nationale a été marquée cette semaine par la sortie médiatique du Procureur Général près la cour d’appel de Ouagadougou sur l’affaire dite de « Charbon fin » à travers une conférence de presse tenue le mardi 06 Août 2019.
Dans sa déclaration liminaire, le Procureur Général indique que douze (12) personnes physiques et deux (2) personnes morales sont poursuivies pour des faits de « fraude en matière de commercialisation d’or et d’autres substances précieuses, d’exportation illégale de déchets dangereux, de blanchiment de capitaux, de faux en écriture privée de commerce, d’usage de faux en écriture privée de commerce, de fraude en matière de commercialisation de l’or et des autres substances précieuses, de franchise illégale ».
En rappel, une vaste opération de fraude conduite par un réseau constitué de personnels de la société minière canadienne IAMGold Essakane S.A, de la société française Bolloré Transport et Logistics SA Burkina Faso, d’agents de la Direction Générale des Mines et de la Géologie, du Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina et de la Direction Générale des Douanes a été révélée au public grâce aux investigations du journaliste Yacouba Ladji BAMA et de l’auto saisine des autorités judiciaires.
Pendant que l’opinion publique s’indignait et attendait d’être éclairée, plusieurs manœuvres sordides et criminelles se tramaient dans l’obscurité pour empêcher que la lumière se fasse sur ces agissements mafieux qui impliqueraient des personnalités importantes au plus haut sommet de l’Etat.
Tour à tour, nous avons assisté à :
Des tentatives d’intimidation de professionnels de la presse,
Des tentatives de camouflage de l’affaire, déguisées en stratégie de communication par la Société incriminée IAM Gold Essakane S.A ;
Des sorties médiatiques du Directeur Général des Mines, Monsieur Kuilga Emmanuel YAMEOGO et de celui du Ministre des Mines et Carrières Monsieur Oumarou IDANI pour semer la confusion auprès de l’opinion nationale et internationale.
Les deux hauts commis de l’Etat clamaient les mains sur le cœur que l’opération n’a rien d’illégal alors que les textes en la matière ont été allègrement violés par le réseau comme le démontre le rapport d’expertise commandité par la Justice.
Le Ministre et son Directeur se sont comportés en avocat du réseau au lieu de chercher à éclairer et à défendre les intérêts du peuple burkinabè, c’est-à-dire, celui pour lequel ils ont été placés à ces niveaux de responsabilités. Cette attitude des plus honteuses dans un Burkina Faso post insurrectionnel, soulève l’incompréhension voire l’exaspération des citoyens.
La kyrielle d’infractions liée aux opérations de fraude du réseau a été estimée à plusieurs centaines de milliards de FCFA par la presse.
Au-delà de cet enjeu financier important pour l’économie nationale, il n’est pas superflu de s’interroger sur la place de l’éthique dans la gouvernance du Président Roch Marc KABORE et de la qualité des hommes et femmes qu’il place aux hautes fonctions de l’administration pour gérer les affaires publiques.
Que constatons-nous ? Un pays à vau-l’eau au plan sécuritaire sur fond de gabegie économique généralisée … Pendant que le Gouvernement met en place de nouvelles taxes, au même moment, le Président du Faso et son premier Ministre se montrent frileux et complaisants envers les Ministres présumés complices de pillage des ressources nationales.
Cette attitude des plus hautes autorités est une caution à la grande corruption, à la fraude, au détournement et à la mauvaise gouvernance. Sinon, comment comprendre que malgré la démonstration de parti pris par le Ministre des Mines et Carrières, et entre autres son Directeur Général des Mines, qu’aucune mesure conservatoire, ne serait-ce qu’administrative, ne soit prise contre eux pour permettre une saine manifestation de la vérité et de la justice.
Il va s’en dire que l’effet pervers de cette attitude est l’accroissement de l’incivisme à tous les niveaux. Monsieur le Président du Faso, êtes-vous capable de « choisir entre le champagne pour quelques-uns ou l’eau potable pour tous » ? comme l’avait fait le Camarade Président Thomas SANKARA.
En tout état de cause, le Balai Citoyen, conformément à son engagement, reste vigilant quant au déroulement de la procédure judiciaire et ne manquera aucune occasion pour se mettre à l’avant-garde de la défense des intérêts nationaux.
C’est pourquoi, il sied de féliciter le Procureur Général près la cour d’appel de Ouagadougou pour avoir, courageusement, engagé des poursuites judiciaires. Nous saluons la détermination du Parquet à conduire le dossier sans complaisance. Aux journalistes d’investigation, nous adressons nos vifs encouragements à continuer avec abnégation à être les dignes successeurs du journaliste émérite Norbert ZONGO.
Au regard de ce qui précède, le Balai Citoyen attentif aux souffrances de notre peuple et solidaire de sa colère légitime face aux gouvernants prédateurs de deniers publics :
Appelle les populations à rester en veille et à suivre de près l’évolution judiciaire du dossier ;
Exige la démission immédiate du ministre des Mines et des Carrières, indigne de continuer à exercer sa fonction de commis de l’Etat après ce scandale ;
Exige de l’Assemblée Nationale qu’elle assume son rôle en enclenchant la procédure de mise en accusation du Ministre afin qu’il réponde de ses actes devant la Haute Cour de Justice.
Notre nombre est notre force !
Ensemble, on n’est jamais seul !
Pour le Balai Citoyen, la Coordination Nationale