Commémoration du 1er mai au Burkina : La finalisation et l’adoption du projet de loi portant code du travail exigées par l’UAS

A travers un meeting à la bourse du travail de Ouagadougou, l’Unité d’Action syndicale (UAS) a commémoré le mercredi 1er mai 2024, la journée Internationale des travailleurs. Fait marquant cette année, la traditionnelle marche à l’issue de laquelle, les syndicats remettent leurs cahiers de doléances au Ministre en charge de la Fonction publique pour transmettre à qui de droit a été interdite à la dernière minute. Ceux-ci ont fait savoir que l’interdiction de la marche leur avait été signifiée la veille 30 avril 2024 par le directeur de cabinet du ministre, puis confirmée par une correspondance du Président de la délégation spéciale de Ouagadougou.

Les militantes des différentes centrales ont participé au meeting

C’est dans l’enceinte d’une bourse du travail pleine a craqué que s’est tenu ce meeting.  Plusieurs points ont été abordés par l’UAS à savoir : la situation nationale, sous-régionale et internationale. La plateforme revendicative qui devait être remise par l’UAS au gouvernement est constituée de 48 points

L’état des lieux présenté par Guy Olivier Ouédraogo, président du mois de l’UAS, SG de la CSB.

Sur la situation nationale, l’UAS a laissé entendre que la reconquête du territoire présentée comme motif principal du coup d’Etat du MPSR, a suscité beaucoup d’espoirs au début. Cependant, hormis les localités où des PDI ont pu être réinstallées et certaines écoles rouvertes, la situation globale des zones à fort défi sécuritaire est plutôt inquiétante. Des menaces et attaques terroristes suivies de déguerpissements des populations, les manifestations des populations de diverses localités pour réclamer la sécurité ou un ravitaillement en produits de première nécessité, l’impossibilité d’emprunter certains axes routiers, les nombreuses localités sous blocus sont des faits quasi quotidiens, même si, du fait du verrouillage de l’information, ces faits sont camouflés au public, sous prétexte de communication de guerre !

En ce qui concerne la situation internationale, l’UAS a indiqué que les rivalités inter-impérialistes constituent une des causes et un des ferments du terrorisme dans le monde. Au titre des conflits aux conséquences lourdes pour l’humanité dont le risque d’une troisième guerre mondiale, on peut citer les guerres en Ukraine, au Yémen, en Syrie, en Afghanistan et en Afrique. Au Moyen Orient, le monde assiste à une véritable tragédie avec le réveil du conflit Israélo-palestinien et son lot d’images insoutenables de massacres de vies humaines innocentes, de blessés, de réfugiés en errance, de destructions d’infrastructures avec la complicité active des grandes puissances qui se déclarent ouvertement alliées d’Israël contre le droit légitime du peuple palestinien à vivre sur sa terre.

Siriki Dramé dans son message a peint un tableau peu reluisant de la situation des travailleurs burkinabè

𝐄𝐧 𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞, la caractéristique principale est le renforcement de la domination impérialiste du continent qui est de ce fait, le théâtre des rivalités inter-impérialistes. Les récents propos tenus par le Général LECOINTRE, ancien chef d’Etat-major de la France traduisent bien la volonté de la France impérialiste de défendre ses intérêts par la guerre s’il le faut.

𝐃𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐫𝐞́𝐠𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐮 𝐒𝐚𝐡𝐞𝐥,  l’UAS a fait comprendre que la création par le Mali, le Niger et le Burkina de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) suivie de leur retrait de la CEDEAO, si elle suscite des espoirs chez certains, suscite aussi des interrogations et inquiétudes légitimes chez d’autres.

Les travailleurs n’ont pas marchandé leur participation à la commémoration de cette journée

Les revendications de l’UAS transmises au gouvernement 

Le 1er mai 2024 se tient dans un contexte marqué toujours par l’insécurité, mais aussi par de graves atteintes aux libertés individuelles et collectives prenant prétexte de la situation sécuritaire et par le renchérissement du coût de la vie.

Prenant en compte ce contexte, l’Unité d’Action Syndicale adresse au gouvernement la plate-forme revendicative ci-après qui synthétise les préoccupations essentielles des travailleurs

I La sécurité des populations et de leurs biens:

1. Garantie effective de la sécurité des populations et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national, réinstallation et sécurisation des Personnes Déplacées Internes (PDI) dans leurs localités d’origine ;

2. Prise en charge effective des personnes déplacées internes (PDI), des ayants droits des FDS, des VDP et des travailleurs victimes du terrorisme ;

3. Réinstallation de l’administration dans les localités avec les mesures de sécurisation qui s’imposent

4. Arrêt des tracasseries contre les travailleurs officiant dans les zones à fort défi sécuritaire :

5. Publication de tous les accords militaires, économiques et culturels qui lient notre pays à d’autres pays,

6. Départ de toutes les forces étrangères du territoire national,

Le respect et l’élargissement des libertés démocratiques et syndicales et promotion du travail décent :

Respect des libertés démocratiques et syndicales, garantie effective des libertés d’association et de manifestation;

3. Libération de toutes les personnes détenues arbitrairement ;

9. Arrêt des tracasseries policières et administratives contre le secrétaire général de la CGT-B

10. Annulation du licenciement du secrétaire général de la CGT-B :

11. Finalisation et adoption du projet de loi portant Code du Travail,

12. Relecture de la loi 064-2015/CNT portant liberté d’association ;

13. Exécution des décisions de justice ;

14. Arrêt des exécutions extra-judiciaires, des arrestations arbitraires, des agressions contre les citoyens et engagement de poursuites judiciaires contre les auteurs et commanditaires de ces actes ;

15. Respect des engagements contenus dans le pacte sur le renouveau de la justice
16. Respect de l’indépendance de la justice :

17. Réfection et réouverture du Lycée Philippe Zinda KABORE fermé par le gouvernement en mai 2021 ;

18. Respect de l’esprit des protocoles d’accord signés les organisations syndicales

19. Respect de l’esprit des conventions collectives sectorielles :

20. Adoption des conventions sur les mines, les BTP et la sécurité privée 21. Adoption de textes pour la mise en œuvre du check off et des permanents syndicaux dans le privé

22. Mise en œuvre du check off et des permanents syndicaux,

23. Ratification des conventions 181, 189 et 190 de l’OIT respectivement sur la sous-traitance et le travail domestique ;

24. Contrôle des conditions de travail et d’hygiène dans les bars, restaurants et maquis,

III. Assainissement de la gestion des ressources nationales :

25. Publication des audits des ministères et des grandes sociétés d’Etat et poursuites contre les auteurs ou complices de mauvaise gestion

26. Annulation de la convention signée avec SITARAIL,

27. L’arrêt du pillage des ressources nationales notamment minières et leur exploitation l’intérêt des populations avec leur implication,

28. Arrêt des ponctions de fonds dans les caisses de prévoyance sociale (CARFO, CNSS) et de l’ingérence du gouvernement dans la gestion de ces structures :

29. Jugement de tous les dossiers de mauvaise gestion mis à nu par l’ASCE/LC, le REN- LAC et réalisation d’enquêtes sur les dossiers de mauvaise gestion dénoncées par la presse :

30. Audit des marchés de construction d’infrastructures (routières, immobilières…) et

sanctions contre les entreprises ayant réalisé des infrastructures défectueuses

31. Achèvement de l’informatisation du fichier du foncier et prise de mesures d’assainissement ;

32. Respect des textes régissant la nomination des DG des sociétés d’Etat et des EPE notamment par appel à candidature :

IV. La garantie du pouvoir d’achat :

33. Prise de mesures pour assurer l’approvisionnement conséquent des populations en eau et électricité: 34. Relèvement des tranches sociales de l’ONEA et de la SONABEL respectivement à 10 m3 et à 75 KW/H; 35. Diminution des prix des produits de grande consommation, renforcement du contrôle de la qualité et des prix de ces produits, notamment en accroissant l’effectif des agents

de contrôle avec une dotation conséquente et sanction des contrevenants: 36. Retour aux anciens prix des hydrocarbures d’avant mars 2022 et examen sérieux des propositions de l’UAS relatives à la révision de la structure des prix des hydrocarbures

37. Maintien des indemnités des travailleurs admis à un concours professionnel et placés en position de stage ;

38. Mise en place de stocks de sécurité alimentaire au profit des populations

39. Augmentation de 35% des pensions des retraités de la CARFO et de la CNSS,
40. Correction des iniquités constatées à travers le reversement des agents publics de l’Etat en lien avec la loi 081,
41. Traitement diligent du dossier de paiement des droits acquis, de la revalorisation des pensions et de l’indemnisation des travailleurs déflatés des entreprises ayant subi les conséquences des PAS :
42. Soutien aux producteurs à travers la subvention des intrants et la mise à leur disposition des semences améliorées et mise à leur disposition à temps d’intrants agricoles de qualité, en quantité suffisante et à des prix accessibles pour l’ensemble des spéculations :

43. Octroi du capital décès aux travailleurs des EPE qui n’en bénéficient pas ;

44. Finalisation de la relecture de la loi 033 ;

45. Suppression de l’IUTS sur les primes et indemnités des travailleurs du privé, du parapublic et du public et relèvement de l’abattement pour frais et charges professionnels (de 20 à 30% pour les catégories supérieures et de 25 à 70% pour les catégories inferieures);

46. Prise en compte des indemnités dans le calcul des pensions des salariés du public, 47. Baisse de la Contribution du Secteur Informel :

47. Baisse des tarifs de location des boutiques dans les marchés et yaars et lutte effective contre la spéculation dans la location de ces boutiques.

Par Aconews.net

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