La pandémie ne prend pas de vacances en août, ou plutôt, celles-ci semblent bien lui profiter. Cette semaine, le bilan global de cas positifs recensés dans le monde atteint 19,6 millions, et l’on dénombre plus de 727 000 victimes, soit 42 000 décès de plus par rapport à la semaine précédente.
Sur le plan économique, les mauvais résultats se confirment, et de nombreuses firmes, comme le loueur Hertz, ou la société Technicolor sont en grande difficulté. Les compagnies pétrolières sont particulièrement touchées, elles enregistrent des pertes colossales. Le secteur de la presse, déjà pas très bien en point avant la crise, continue de perdre des revenus, en particulier liés à la publicité. L’explosion des abonnements numériques ne suffit pas à compenser les pertes. Partout dans le monde, la culture est touchée, comme en Côte d’Ivoire, où les artistes se mobilisent pour demander l’aide de l’État face au Covid-19. EnFrance, presque toutes les entreprises du CAC40 sont dans le rouge.
Des petits malins ont trouvé au contraire le moyen de faire de l’argent avec le virus. La pandémie a en effet favorisé l’augmentation des attaques sur internet. Interpol met en garde les gouvernements et les institutions sanitaires qui sont très souvent pris pour cible. Selon Reuters, des pirates informatiques liés au gouvernement chinois ont par ailleurs visé le groupe pharmaceutique Moderna qui développe actuellement un vaccin contre le Covid-19 afin de dérober des informations de grande valeur.
La crise provoque également des situations ubuesques de personnes coincées à l’intérieur de leur pays, ou a contrario, à l’étranger. Ainsi ces étudiants obligés de rester en Inde, alors qu’ils sont inscrits dans des universités françaises, ou, plus grave, en Russie, des migrants tadjiks pris au piège, avec impossibilité de retourner chez eux. Tout comme ces étrangers coincés en Corée du Sud, dont les visas sont sur le point d’expirer.
De la même manière, des Malgaches présents en Europe, en Asie, en Afrique ou au Moyen-Orient, se retrouvent également exilés malgré eux. Désespérés, ces derniers ont lancé une pétition en ligne pour interpeller les autorités de Madagascar. Aux États-Unis, ce sont les Français qui y vivent qui sont privés de vacances dans leur pays, en raison du « Travel Ban ».
Les pays où il y a de bonnes nouvelles
Un seul pays peut aujourd’hui se targuer d’avoir fait disparaître la maladie. Il s’agit de l’Ile Maurice, dans l’océan Indien. Cela fait trois mois que l’île a stoppé la propagation de la maladie, et il y a une semaine, les autorités annonçaient qu’il n’y avait plus aucun cas actif sur le territoire. Totalement déconfinés depuis le 15 juin, de nombreux habitants attendent maintenant la réouverture des frontières aériennes, mais pour le moment, le Premier ministre privilégie la santé publique au tourisme. L’île doit néanmoins faire face aujourd’hui à une autre catastrophe, une marée noire menaçant ses côtes paradisiaques.
La Tunisie,le pays qui s’en est sorti le mieux dans sa région, avec 51 morts pour 1 656 cas recensés, craint cependant une nouvelle vague, et vient de rendre le port du masque obligatoire.
Quelques pays ont encore en vue une hypothétique stabilisation, mais globalement, partout ou presque, l’épidémie est en progression, ou connaît un renouveau. Il y a néanmoins quelques informations plutôt réjouissantes – y compris dans des pays en difficulté – qui méritent d’être signalées.
Ainsi en Irlande, 325 000 personnes, qui avaient perdu leur emploi du fait de la pandémie, ont retrouvé leur travail ou un nouveau poste, particulièrement dans les métiers les plus précaires. Le pays, qui se trouvait dans une situation de plein-emploi avant la pandémie, pourrait néanmoins se retrouver avec un augmentation durable du chômage.
Des chercheurs indiens ont par ailleurs trouvé un système ingénieux qui permet de laver et décontaminer des masques N95 sans réduire leur efficacité. L’information pourrait faire partie des nouvelles insolites, puisque l’idée leur est venue en branchant deux câbles d’alimentation d’une raquette électrique anti-moustiques à une plaque de métal, qui a permis au masque de se « recharger » après avoir été lavé.
Certains chauffeurs de taxi ou amoureux de la voiture en ville ne verront peut-être pas ça comme une bonne nouvelle, mais partout en Europe, force est de constater quele Covid-19 a bouleversé les règles de mobilité, avec notamment un boom du vélo.
Les pays où l’épidémie reprend
Plusieurs États, qui avaient presque réussi à endiguer la maladie en prenant des mesures fortes, ont vu celle-ci redécoller après la levée du confinement, et l’abandon des gestes barrière. Une situation qui s’est aggravée avec les vacances estivales, qui ont vu de nouveaux clusters se former. En Europe, de nombreux pays sont concernés par ce rebond.
À tel point qu’en France, où les indicateurs se dégradent, le Conseil scientifique juge « hautement probable » la venue d’une seconde vague à l’automne. La canicule qui s’est installée n’a pas arrangé les choses, les vacanciers s’étant rués sur les plages, au mépris des gestes barrières. Vendredi, l’Hexagone a connu un pic de 2 000 cas déclarés, une progression inédite depuis le mois de mai. Ainsi 9 330 cas ont été enregistrés en une semaine. Le pays compte plus de 30 300 décès.
Pour éviter un nouveau confinement, les autorités des États membres de l’Union européenne appellent à la responsabilité, et durcissent les conditions de voyage. Ce samedi, l’Allemagne a ainsi décidé de rendre obligatoire le test du Covid-19 pour toute personne provenant d’un pays « à risque ». De nombreuses villes européennes ont imposé le port du masque, y compris dans des lieux ouverts. En France, ce sera le cas à Paris dès lundi, dans les zones les plus touristiques de la capitale. En Mayenne, une des régions françaises les plus touchées, dans des villes comme Laval, on vit désormais masqués. À Lille, où cette mesure a également été prise,le débat divise cependant.
Paradoxalement, en Allemagne et en France notamment, certains estiment en effet que ces restrictions sont des atteintes à leurs droits fondamentaux. Et, sur fond de théories complotistes, le mouvement « anti-masques » se propage lentement mais sûrement. En Hongrie, ce sont les artistes qui ont protesté vendredi 7 août contre l’interdiction des grands rassemblements et festivalsjusqu’à la mi-août, alors que les matchs de foot sont autorisés devant des milliers de spectateurs.
La Pologne, qui connaît également un net regain de contaminations, pourrait également voir le gouvernement imposer de nouvelles restrictions. Tout comme aux Bahamas, où de nouvelles mesures de confinement ont été prises, après une nouvelle flambée des cas. En France, le protocole sanitaire a cependant été allégé pour la rentrée scolaire. Il remplacera celui très strict adopté le 26 juin.
Le Centre irlandais des réfugiés vient de publier un rapport qui affirme que dans les centres de demandeurs d’asile en Irlande, plus de la moitié des résidents sont dans l’impossibilité de respecter des gestes barrières. Trois comtés du pays enregistrent des taux de contamination particulièrement élevés ces dernières semaines, dans ces centres, mais aussi dans les usines de transformation alimentaire. Ces trois régions, qui regroupent 368 000 personnes ont été reconfinées à partir du samedi 9 août.
L’Australie a également pris de nouvelles mesures restrictives. Le pays, qui avait plutôt bien réussi à juguler l’épidémie en fermant ses frontières, a vu le nombre de contaminations reprendre récemment, en raison, selon les autorités, d’un relâchement dans le respect des gestes barrières. Tout contrevenant sera donc désormais exposé à des amendes pouvant aller jusqu’à 12 000 euros. À Melbourne, les habitants se sont même vu imposer un couvre-feu, après quatre semaines de reconfinement, dans l’espoir d’enrayer la propagation du virus.
Plusieurs pays africains seraient en voie de stabilisation, comme le Ghana, l’Égypte, ou l’Algérie, mais l’OMS s’inquiète d’une résurgence du nombre de cas au Zimbabwe, au Kenya, ou en Éthiopie. Au Gabon, où le pic a été observé en mai dernier, les chiffres étaient plutôt à la baisse, mais dernièrement, 125 personnes ont été testées positives dans plusieurs sites pétroliers.
Au Nigeria, un des pays les plus touchés du continent (plus de 45 000 cas recensés pour 930 mortels), certaines régions assouplissent les mesures de confinement allégé pourtant prises par le gouvernement jusqu’à mi-septembre. La ville de Lagos, épicentre de l’épidémie, a ainsi décidé de rouvrir les lieux de culte.
Par ailleurs, le Centre de contrôle et de préventionde l’Union africaine met en garde contre les chiffres provenant du continent. Si la barre des deux millions de cas positifs a été officiellement franchie ce vendredi, le Centre rappelle que 80% des tests en Afrique ne sont réalisés que dans dix pays. Il y a donc de fortes raisons de penser que le nombre de cas sur le continent soit plus important.
Les États-Unis, pays le plus touché au monde avec plus de 162 000 morts, et un nombre de tests positifs qui a dépassé la barre des 5 millions ce dimanche, ont enregistré jeudi 2 060 nouveaux cas positifs. Un chiffre quotidien qui n’avait pas été atteint depuis trois mois. Outre ce bilan catastrophique, le pays doit assumer les conséquences sociales de l’épidémie, qui se font durement sentir. 40 millions d’Américains seraient en effet en passe d’être expulsés de leur logement. Faute d’accord au Congrès entre républicains et démocrates, c’est Donald Trump qui a promulgué par décrets un plan d’aide aux Américains. Parmi ces mesures figure notamment une protection contre ces locataires menacés d’expulsion.
Les pays où l’épidémie progresse
L’épidémie reprend, donc, là où elle avait un temps faibli, mais elle continue aussi son chemin dans de nombreux pays, sans faiblir ou presque.
Au Brésil, deuxième pays le plus endeuillé, la barre des 100 000 morts a été franchie ce week-end (soit 10% de décès en plus en une semaine). Le président Bolsonaro continue pourtant sa croisade contre les mesures de prévention trop strictes. Déclarant avoir la conscience tranquille, il a ainsi traité les gouverneurs pro-confinement de « dictateurs ». Parmi ces trop nombreuses pertes, le Brésil a vu partir Aritana, un grand chef indigène de la tribu des Yawalapiti, mobilisé dans la lutte contre la déforestation, et mort ce jeudi du coronavirus. Le pays comptabilise 2,9 millions de cas depuis le début de l’épidémie.
L’Afrique du Sud, pays le plus touché du continent africain, a franchi officiellement cette semaine la barre des 10 000 décès. Un chiffre largement sous-estimé selon les experts.L’équipement manque cruellement pour les personnels de santé, et ferait même l’objet de corruption au sommet de l’État.
Toute l’Amérique latine ainsi que les Caraïbes constituent la région la plus touchée en nombre de morts, avec plus de 218 000 décès, et ne semblent pas voir le bout du tunnel. Le Pérou, qui a passé le cap des 20 000 morts, a autorisé les médecins étrangers présents dans le pays – parmi lesquels de nombreux sont vénézuéliens – à exercer, sans avoir forcément fait valider leur diplôme au Pérou.
Le Mexique, troisième pays le plus endeuillé au monde, compte désormais plus de 50 000 victimes (52 000 morts ce dimanche 9 août). Les familles mexicaines qui ont des proches aux États-Unis peuvent néanmoins compter sur leur solidarité. Sur les six premiers mois de l’année, les Mexicains partis travailler de l’autre côté de la frontière ont envoyé 19 millions de dollars à leurs familles, soit 10% de plus que l’an dernier sur la même période.
Cinquième pays le plus touché en nombre de victimes, avec – officiellement – plus de 42 000 décès, et le cap des deux millions de cas positifs dépassé cette semaine (soit un cas sur dix dans le monde), l’Inde doit composer avec des villes extrêmement peuplées, comme Bangalore (8,4 millions d’habitants), devenue un des épicentres de la maladie dans le pays. La municipalité a décidé d’y ouvrir des centres de dépistage gratuits dans les 198 quartiers que compte la ville.
À Madagascar, la maladie continue sa progression. Des dissensions sont apparues à la tête de l’État, le ministre de la Santé ayant fait appel cette semaine à l’aide internationale. Dans une lettre adressée aux bailleurs de fonds, il expliquait que la pandémie « évolue ces dernières semaines selon un mode très critique, avec des flambées épidémiques importantes » dans plusieurs régions, dont la capitale Antananarivo. Le gouvernement s’est par la suite dit « consterné » par cette « initiative personnelle ». Sur la Grande Île, les syndicats ont par ailleurs critiqué le projet de prêt personnel proposé par le gouvernement aux travailleurs privés de leur emploi en raison du Covid-19. Ils demandaient une prise en charge des mesures de chômage technique par l’État.
La Russie, enfin, au quatrième rang mondial pour le nombre des contaminations après les États-Unis, le Brésil et l’Inde, a vu son nombre de cas quotidiens augmenter de 5 212 cas en 24 heures ce dimanche. Officiellement, l’épidémie a fait plus de 14 800 victimes dans le pays.
Les infos santé
La recherche autour du coronavirus et de son action sur l’organisme se poursuit. En France, des chercheurs ont découvert le rôle que pouvait jouer une protéine produite par l’organisme dans un contexte d’inflammation, et notamment dans les formes les plus graves du Covid-19. Cibler cette protéine, qui répond au doux nom de calprotectine, pourrait aider à lutter contre l’aggravation de la maladie.
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Une autre étude portant sur plus de 300 personnes en Corée du Sud montre que 29% des personnes contaminées par le coronavirus n’ont jamais développé de symptômes, mais qu’elles portaient en elles autant de virus que les personnes symptomatiques.
Enfin, le Royaume-Uni a annoncé des millions de tests à venir d’ici l’automne, grâce à de nouvelles technologies qui permettent de tester plus de monde en un temps record (90 minutes). Le pays est parmi les plus touchés du continent européen, avec plus de 46 000 morts.
Les infos insolites
La toux passible de carton rouge au foot. La question était urgente, et devait absolument être tranchée, avec la réouverture des championnats nationaux un peu partout dans le monde – dont beaucoup de matchs se déroulent à huis-clos. Et l’International board (Ifab), garant des règles du jeu du football, vient de donner son verdict : tout joueur qui toussera volontairement vers un adversaire, pourra se faire exclure du jeu. « Si c’est clairement accidentel, l’arbitre n’aura pas à agir, de même que si la toux s’est produite à une distance suffisante de tout autre joueur », a néanmoins indiqué l’institution.
Au Mexique, des luchadores remettent leurs masques (les vrais) pour sauver le catch. Privés de spectacles publics en raisons de coronavirus, les professionnels du catch sont dans une situation intenable. Une douzaine de luchadores se sont retrouvés, mardi 4 août, à s’affronter sur un ilot situé dans une réserve naturelle, au milieu d’un dédale de canaux datant des Aztèques, au sud de Mexico. L’objectif de ces combats enregistrés et vendus en ligne était de collecter des fonds pour venir en aide aux adeptes de ce sport.