Dans ces temps-ci au Burkina Faso, sur plusieurs plateaux de débats, la question de la « liberté » fait couler beaucoup d’encre. Pour certains, les dirigeants actuels semblent avoir la volonté de contrôler la liberté d’expression, de museler la presse, d’instaurer la pensée unique. Pour d’autres, cela est légitime compte tenue de la situation actuelle du pays, il est impératif de prendre toute mesure qui va contribuer à la lutte efficace contre les hordes terroristes qui écument la plupart des régions de notre pays depuis plus de 8 ans.
Le pays des hommes intègre vit l’un des moments les plus difficiles de son histoire due à des attaques terroristes. Le gouvernant actuel avec à sa tête le capitaine Ibrahim Traoré animé d’une très grande volonté d’éradiquer le terrorisme et de faire du Burkina Faso, une référence dans le monde ne passe pas sans difficultés. Plusieurs personnes issues des médias, des syndicats et autres organisations de la société civile crient à une privation des libertés par le régime actuel.
Nous pouvons illustrer cela par la dernière sortie de la CGT-B qui estime que les libertés individuelles et collectives sont restreintes. Le 20 octobre passé lors de la commémoration de la journée nationale de la liberté de presse, le comité de pilotage du CNPZ dans sa déclaration lue par Guézouma Sanogo, a dénoncé la tentative de tripatouillage des textes par le gouvernement actuel pour des raisons qui seraient inavouées. Il a aussi indiqué que le Gouvernement militaire de transition justifie ses actions d’embrigadement des médias et des libertés par la lutte contre le terrorisme.
Dans le cas précis du Burkina Faso, est-ce que laisser libre opinion à tout le monde ne va pas nous conduire au pire ? Restreindre les libertés individuelles ne va pas engendrer d’autres problèmes ? Pourquoi une sagesse moaga dit que « toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ? »
En temps de guerre on peut parler de liberté d’expression à condition que cette liberté ne soit pas un obstacle pour l’intérêt supérieur de la Nation. En temps de guerre on doit contrôler la parole, le comportement et autres attitudes pour ne pas être favorable à l’ennemi. On est tous convaincu que c’est parce que le pays existe qu’on peut parler de liberté d’expression.
Dans un pays qui est à la croisée du chemin de son histoire avec des centaines de personnes tuées, plus de deux millions de personnes déplacées internes, des écoles fermées et l’économie dans une situation difficile, l’heure ne devrait pas être à des revendications corporatives mais à l’unissons pour la libération totale du pays. Prenons l’exemple sur la guerre en Ukraine, où tous les médias européens ont fait une communication commune à la faveur de l’Ukraine, la chaine Russe RT a été suspendue à cause de sa ligne éditoriale qui ne rime avec les intérêts européens.
Récemment, le gouvernement Israélien a approuvé la fermeture des locaux de la chaîne Qatari Al jazeera à cause des émissions incendiaires contre Israël, en plus, tous les opposants au régime de Benjamin Netanyahu se sont mis ensemble contre le Hamas malgré leur grave divergences politiques parce que que la stabilité de la Nation Israélienne est menacée.
N’est-ce pas nécessaire que les Burkinabè emboitent le pas pour l’intérêt supérieur de la Nation ? En tous cas , lors de la cérémonie de clôture de de la 10e édition du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP), le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, face à la presse a clairement indiqué «’Qu’Il n’y avait pas de liberté d’expression dans un pays qui n’est pas libre. Il est illusoire de penser à une liberté qui puisse surnager dans un pays qui n’est pas libre. Il est aussi illusoire de penser qu’on peut avoir une sorte de journalisme hors-sol qui peut survivre ou qui peut continuer à s’exercer de façon normale dans les conditions d’un pays qui est en guerre. La première menace au Burkina contre les libertés d’expression et de presse, c’est le terrorisme, c’est la principale menace. Nous avons des concitoyens qui n’ont plus le droit à la vie parce que des terroristes se plaisent à tuer des civils. Il y a des lignes rouges qui sont fixées et sur ces lignes rouges, nous sommes fermes ».
A travers ces propos, le gouvernement Burkinabè restera ferme sur toute personne qui va franchir la ligne rouge. Cette décision ne va-t-elle pas engendrer d’autres problèmes au pays qui a déjà tant souffert. On a l’impression que plusieurs de nos intellectuels observent sans apporter leur expertise. Cette attitude d’inaction n’est pas bonne, parce que à l’heure actuelle tout le monde doit apporter sa contribution pour que le pays retrouve son lustre d’antan.
Le gouvernement devrait travailler à faire taire toutes les divergences et orienter tout le monde dans la même direction. Souvent même dans la critique, il y’a des paroles constructives. Le Burkina Faso a besoin de toute les opinions, faisons en sorte que nous puissions léguer à la postérité un Burkina de paix, de joie et de cohésion.
Par Souleymane Ouédraogo