L’Union police nationale (UNAPOL), le syndicat de la police, a animé ce lundi 23 septembre 2019 une conférence de presse au cours de laquelle elle a réitéré sa revendication d’une meilleure dotation en armement des forces de police et un meilleur maillage sécuritaire du pays. En attendant d’y revenir, nous vous proposons leur déclaration liminaire.
Chères militantes, chers militants, sympathisants, policiers de tous les quatre coins du Burkina Faso
Chers amis de la presse et chers compatriotes,
Relativement à la situation sécuritaire de plus en plus délétère du pays, exacerbée par l’inefficacité des solutions stratégiques, la récurrence des attaques terroristes avec leur lourd tribut de morts, de blessés et de déplacés internes, les menaces de plus en plus imminentes, l’UNAPOL a tenu une réunion d’urgence le 15 Septembre 2019 afin de prendre des décisions pouvant garantir une meilleure sécurité physique des policiers tout en s’inscrivant dans l’intérêt général de la sécurité des populations burkinabè.
Après la rencontre avec le Ministre de la Sécurité, notre devoir de redevabilité envers nos membres, militants, sympathisants et envers l’opinion a conduit à la tenue de la présente conférence.
Arrêtons le conformisme pour le bien du pays !
Malgré l’appel des instances sous-régionales à une mutualisation des forces et à une implication réelle des forces de police dans la lutte contre le terrorisme, certains débats inopportuns et inadéquats ont toujours cours dans le milieu des forces engagées dans la lutte. Ces débats selon notre compréhension semblent affirmer qu’il existerait des textes interdisant à la Police Nationale l’utilisation de certaines catégories d’armes.
Des nombreuses recherches menées par l’UNAPOL, de tels textes sont introuvables dans l’arsenal juridique actuel du Burkina Faso. Par ailleurs l’UNAPOL estime que même s’il en existait, ils devraient si on est soucieux de la sécurité nationale être revisités afin de les adapter aux besoins sécuritaires actuels.
En outre l’UNAPOL a toujours cherché auprès des autorités sécuritaires et nationale à savoir quelle nature exacte celles-ci comptent attribuer aux forces de police ? Ont-elles une nature civile ou militaire ? A cette question aucune réponse satisfaisante n’a jusqu’à ce jour été donnée dans un texte.
Quelle est d’ailleurs la nature que nos forces de police (abusivement appelées corps paramilitaires) devraient avoir et qui conviendrait au contexte national actuel ?
A l’examen de l’usage actuel faite de la police, pour l’UNAPOL, nous pouvons déduire qu’elle se rapproche plus d’une force de police militaire que civile.
Alors comment comprendre cette volonté affichée de refuser à la police l’armement adéquat pour appuyer les forces militaires avec lesquelles elle vit quasiment les mêmes réalités et les mêmes défis.
La conséquence la plus frustrante et la plus aberrante de cette conception dépassée de la sécurité nationale, visant à refuser d’augmenter la puissance de feu de la police est celle constatée actuellement au ministère de la sécurité.
En effet, certaines armes réclamées par les unités opérationnelles de police et acquis par le budget du ministère de la sécurité font l’objet actuellement d’une rétention par certains frères d’armes qui refusent obstinément qu’elles soient livrées à la police au motif que la police n’y a pas droit du fait de sa nature paramilitaire.
L’Unapol est scandalisée et indignée que dans un contexte sécuritaire en déliquescence, qu’il y ait encore des velléités de détournement des armes d’un corps par un autre corps.
C’est ce même débat insensé tendant à établir une hiérarchie imaginaire entre les forces qui a conduit à ce que le gouvernement s’oppose à la dotation des policiers de galons dont la forme ressemble, semble-t-il, à ceux des militaires. Cet acharnement tous azimuts à l’endroit de la police par certains militaires est incompréhensible d’autant plus que tous les autres corps au Burkina Faso portent les formes de galons proposées par les policiers.
L’UNAPOL tient à préciser que les policiers souhaitent avoir des galons identiques aux autres forces de police du pays et des autres pays et non des galons identiques à ceux des militaires.
S’agissant de la réalité sécuritaire à Djibo, loin des discours populistes, l’UNAPOL invite les autorités nationales et locales à prendre plus au sérieux la menace qui y prévaut. Le repli quasi-total des détachements militaires de la région expose et rend plus vulnérables les policiers qui sont plus intégrés, plus connus mais paradoxalement moins équipés et obligés de compter que sur eux-mêmes.
C’est pourquoi, eu égard à ce qui précède, l’UNAPOL à l’unanimité de ses délégués à l’issue de la réunion du 15 septembre a arrêté les résolutions suivantes :
La restitution immédiate des armes détournées dans un bref délai ;
A défaut de cette restitution, les policiers quitteront les zones où l’utilisation de ces armes allaient permettre une meilleure efficacité ;
La mobilisation, la formation, l’équipement et le redéploiement de 5.000 policiers à travers :
1) L’implantation de 20 unités anti-terroristes dans les régions du sahel, du centre nord, de l’Est, de la Boucle du Mouhoun, des haut-bassins, du centre-est, des cascades et du sud-ouest.
2) L’implantation de brigades anticriminalités à Kaya, Fada, Boromo, Koupéla, Kongoussi, Dori, Ouahigouya, Koudougou, Manga.
3) L’implantation de camp CRS à Ziniaré, Zorgho, Houndé, Orodara, Toma.
4) A Ouagadougou, l’implantation de :
03 brigades anti-criminalités ;
des commissariats de police à Karpala, Markoussi, Sondogo, Zaktouli, Kossodo, Nagrin, Bassinko, Bonheur ville ;
Installations de scanner sur les 07 entrées principales.
5) A Bobo-Dioulasso, l’implantation de :
01 unité anti-terroriste ;
01 système de vidéo protection de la ville ;
des commissariats de police à Belle-ville, Secteur 22, Secteur 25, Dogona, Bobo 2010, Sarafalao, Lafiabougou.
De telles installations permettraient un meilleur maillage sécuritaire du territoire national convenable aux menaces actuelles.
Nous invitons le gouvernement, les exécutifs locaux notamment les maires, les fils et filles du Burkina ainsi que les partenaires techniques et financiers à œuvrer ensemble à la mise de ce redéploiement.
Chères militantes, chers militants, sympathisants, policiers de tous les quatre coins du Burkina Faso
Chers amis de la presse et chers compatriotes,
Le Burkina Faso a la 7ème meilleure police dans toute l’Afrique et la 2ème meilleure en Afrique de l’Ouest.
Paradoxalement, sa police est la moins équipée de tout le G5 Sahel au moment où nous en assurons la présidence. A la police, le personnel dépasse l’équipement de loin. Or, nous ne sommes pas le pays le plus pauvre du G5 Sahel.
Aux forces de police, l’Unapol appelle à la mobilisation et au soutien des militaires engagés sur les fronts. L’UNAPOL entrera très prochainement en contact avec les syndicats des autres forces de police pour définir ensemble les modalités de notre accompagnement dans la sécurisation du pays.
L’Unapol invite le gouvernement et les responsables de corps à mettre en place un plan d’intégration des forces de police dans la lutte contre le terrorisme conformément aux recommandations du G5 Sahel.
Chers militantes chères militantes et sympathisants,
Chers amis de la presse et chers compatriotes ;
Le pays est en détresse, la fibre patriotique doit nous interpeller tous et à tous les niveaux.
Ainsi, l’Unapol lance un cri de cœur !
Aux politiques, accordez-vous pour le bien de la Patrie ;
Aux forces engagées, quand le mur de votre maison est fendillé, il vous sera difficile d’empêcher un margouillat d’y pénétrer ;
A la population, la lutte contre le terrorisme est l’affaire de tout le monde. Le terrorisme nous coûte cher mais le terrorisme ne doit pas nous diviser. Evitons les stigmatisations, les accusations inutiles car l’ennemi est commun.
Aux amis du Burkina Faso, aidez-nous à reconstruire.
La crise fait partie du processus normal de construction d’un Etat, c’est notre capacité à nous résilier, à transcender la crise qui fera du Burkina Faso un grand Etat.
Vive le Burkina Faso ;
Vive la Police nationale ;
Pour le policier, l’Unapol ne lâche rien !
Je vous remercie.